J’aimerais partager avec vous mon rapport à la peinture, ce que j’appelle mon processus créatif. Bien que ce soit mon métier, le dessin et moi avons une relation compliquée, en dents de scie. Une relation que j’apprivoise avec le temps, non sans difficulté et parfois une certaine culpabilité.
Mon processus créatif est plutôt capricieux et je suis habituée à peindre de manière cyclique
Je peux peindre de manière frénétique pendant une période, des journées entières sans me lasser, plusieurs tableaux par semaines. Assouvir un besoin presque viscérale de créer.
Puis le néant. Plus rien. L’envie s’évapore. Je ne touche plus un pinceau pendant plusieurs semaines, parfois plusieurs mois. Mon record est de 6 mois. J’ai déjà essayé de me forcer, on dit que l’appétit vient en mangeant… Mais le résultat est souvent médiocre. Par ailleurs, ce manque d’envie s’accompagne d’un sentiment de culpabilité vis à vis de moi même, une pression que je me mets toute seule. Idiot, absurde me direz vous, mais on ne se refait pas.
Jusqu’à ce qu’un nouveau cycle créatif reprenne. Alors l’envie frénétique de peindre revient comme un besoin d’accoucher un tableau et de peindre à toute vitesse.
J’ai appris au fur et à mesure de ces alternances, que les périodes d’absence de création n’arrivent jamais par hasard. En effet, c’est souvent le signe de la fin de quelque chose, la fin d’une idée, d’un projet. La preuve tout simplement que j’en ai marre et qu’il est temps de passer à autre chose ! Je suppose que c’est mon inconscient qui parle à ma place et qui refuse de créer.
D’ailleurs, peut on vraiment parler d’absence de création ? Je dirais que la créativité est en veille, le processus créatif continue à travailler mais sans les mains. Il prépare la suite, les nouvelles idées.
Et pendant le confinement?
Ça faisait quelques mois que je ne peignais plus. Puis le Confinement ! Au début, j’ai continué à bouder mes pinceaux, les regardant du coin de l’œil. J’ai d’abord bricolé, lu, jardiné, rangé, enseigné, mais pas dessiné.
Mais comme à chaque fois, peindre me manque.
Alors j’ai décidé de partager avec vous, sur les réseaux sociaux, les tableaux de ma collection « Naturelle » afin de célébrer le printemps.

Diffuser quotidiennement ces tableaux fleuris, recevoir vos encouragements, m’a nourrie, motivée et donné l’envie de recommencer à dessiner des fleurs. Alors j’ai mis de côté l’OSB et ressorti mes palettes de bois. J’ai troqué mes tubes de marrons contre un arc en ciel de couleurs qui m’avait manqué. Et j’ai peint.
Et vous, les créatifs? Quelle est votre fréquence de création? En dents de scie? en continu? Rencontrez vous souvent le syndrome de la toile blanche?